Apocalypse
Un bouquin m’a fait repenser à notre passage dans le 21ème siècle, qui ressemblait souvenez -vous à un chapitre de l’apocalypse ; Certains même nous annonçait la fin du monde, et franchement il y avait de quoi se poser des questions en ce mois de décembre 1999.
12 décembre, tout d’abord, Le naufrage de l’Erika. Ce vieux cargo de 25 ans, se brisa à 50 km de nos côtes Bretonnes déversant 20000 tonnes de fioul. Pendant des jours nous regardions l’avancée de cette marée noire qui dérivait tantôt à l’est tantôt vers l’ouest. On ne pouvait pas l’arrêter, désemparé malgré les pompages d’une dizaine de navires. Le mazout est arrivé le 25 décembre, tapissant le moindre recoin et rocher du Finistère, jusqu’aux côtes Vendéennes. Un décor de désolation, où nous étions totalement impuissants et spectateurs de la négligence et surtout de la suffisance humaine. Les oiseaux se faisaient piéger dans cette glue immonde et épaisse. Les poissons eux n’avaient aucun espoir. Les plages étaient recouvertes d’énormes galettes de goudron. Et à chaque nouvelle marée une nouvelle couche. La zone la plus touchée a été Croisic et le Pouliguen… Ma chère côte sauvage… Il faudra des mois et des mois pour lui redonner son visage originel.
Pour couronner le tout, le soir de Noël, le 25, une tempête est annoncée. Des vents entre 150km/h et 200 km/h sont attendus. Ce soir-là, je suis chez mes grands-parents dans le Poitou. Et vers 20 heures après avoir regardé les gendarmes à saint Tropez ou la mélodie du bonheur pour la 20ème fois, les vents ont commencé à souffler, de plus en plus fort. Nous ne sommes pas rassurés car dans la région les orages sont souvent terribles. La maison est entourée des grands séquoias de plus de 30 m, sapins, cèdres, chênes, châtaignés, tilleuls, hêtres, tous centenaires ! ils font la beauté de ce lieu. Vers 21 heures nous avons vu par la fenêtre dans l’obscurité, les premiers arbres tombés dans le fond du parc, comme dans un jeu de quilles. Puis, dans un souffle terrible, avec l’impression que la maison se soulève, nous comprenons tout de suite qu’un arbre est tombé très près. Il fait nuit, je suis sortie en courant pour en avoir le cœur net. C’est le Cèdre ! Notre Cèdre, trônant entre la maison et la chapelle en ruine. il est couché juste entre les deux, gisant, son énorme ramure étalé sur le sol. Je n’en crois pas mes yeux, je ne veux pas y croire ! je voudrais aller le consoler, lui dire que tout irait bien, que l’on allait le remettre sur pied… j’ai l’impression d’avoir reçu un coup de poing dans le ventre, mes yeux se sont remplis de larmes. La tornade a fini par se calmer dans la nuit. Le lendemain matin, je suis partie avec mon père et mon Oncle pour aller constater l’étendue du drame. C’est un paysage de désolation, le jardin est dévasté avec d’énormes trouées. Des souches hautes de plusieurs mètres. Dans les bois aux alentours des parcelles entières de pins ont été soufflées. J’essaye de les compter, je dépasse vite les 300 arbres...
Que se passe-t-il ? la terre est-elle devenue folle ? A la télévision des images de fin du monde tournent en boucle, nous sommes le 26. Nous devrions être en train de préparer la grande fête de l’An 2000 !
Le Parc du Château de Versailles a été lourdement touché. Plus de 10 000 arbres déracinés. 80% des espèces rares ont été détruites. Dont les deux tulipiers de Virginie plantés par Marie-Antoinette en 1783. Le pin Corse de Napoléon.
En quelques heures, il y a eu 92 morts en France. 2 000 000 d’arbres abimés seulement pour le département de seine et marne, 30 000 au château de Versailles, une dizaine de millions pour les forêts privées, Ce qui représente 75% des forêts Françaises. Une perte colossale dont des arbres plusieurs fois centenaires.
C’est à partir de cet épisode que j’ai réellement pris conscience du changement climatique avec des phénomènes particulièrement intenses et répétitifs. Inondations, sècheresses, tsunami…
Dans cette tragédie une lueur d’espoir que nous offre mère NATURE. Les arbres de Versailles n’ont pas terminé en bois de chauffage mais vendus aux enchères, pour la création d’objets d’Art et de mobilier. Des arboristes passionnés ont prélevé des boutures des espèces les plus rares pour qu’ils ne disparaissent pas. Aujourd’hui nous pouvons acquérir une bouture du tulipier de la Reine.